Bruno, notre grand ami de cœur de l’Association Toxicologie Chimie (ATC).


Tu viens de nous quitter si brusquement que nous nous retrouvons tous comme des orphelins inconsolables, ayant perdu l’un de leur parent. Sans rentrer dans un long historique qui nous ferait faire le tour de la terre, c’est dans l’île enchanteresse de Nouvelle-Calédonie, blottie comme une perle rare dans l’immense Pacifique Sud, que Bruno, j’ai eu l’immense chance de te rencontrer, entouré de ta charmante épouse Junko et de vos trois petits garçons Enzo, Issey et Lyu, plus adorables les uns que les autres.


Avec Junko, vous naviguiez sur Air France entre Paris et Nouméa en transitant par Tokyo.


Bruno, en plus à distance, tu préparais courageusement un diplôme d’ingénieur ergonome (une spécialité des conditions de travail) au Conservatoire national des Arts et Métiers (CNAM) de Paris.


De mon côté, j’étais enseignant au CNAM en toxicologie, la science de l’étude des poisons que ce soit dans la vie de tous les jours ou dans le milieu de travail.


Ainsi, nos routes se sont croisées, car tu avais besoin de complément de formation dans cette discipline, en même temps que quatre collègues calédoniens aussi passionnés que toi pour découvrir la « science des poisons » : Deux médecins dont mon grand ami Bernard Paul, le médecin du travail de la société « Le Nickel » (SLN), ainsi qu’un hygiéniste et un pilote d’avion militaire. En fait la compagnie des « 5 mousquetaires du Pacifique ».


Très pragmatique, le CNAM parisien préféra m’envoyer à Nouméa, que de vous faire venir à Paris… ça se comprend !


Pour moi, quel bonheur et pour toi Bruno, ce fut la découverte de l’association ATC que j’avais l’honneur de présider. En un mot, l’ATC a l’originalité de présenter d’une part la chimie, la science des produits chimiques et la toxicologie, qui s’intéresse, entre autres aux effets néfastes des produits chimiques. Fondamentalement, l’ATC est une rencontre entre des scientifiques, ou pas, au service de ceux qui sont agressés par des produits chimiques et qui sont, en général, laissés pour compte par tous ceux dont le devoir devrait être de les prendre en charge, ne serait-ce que pour leur donner l’information.


Bruno, avant ton arrivée à l’ATC, tu avais reçu le prix américain Goldman (l’équivalent d’un Prix Nobel pour l’environnement), en récompense de ton combat pour faire reconnaître par l’UNESCO, la sauvegarde du massif corallien néocalédonien. Pour certains, ce n’était pas « Nickel »… d’où tes ennuis… qui finalement se sont soldés par votre retour en Métropole, la situation devenant intenable. Toi, toujours à Air France ; tu as voulu partager tes connaissances en ergonomie, sans grand succès il faut le reconnaître… ce n’était pas dans « l’air du temps ».


Vrai lanceur d’alerte, comme beaucoup d’autres, tu n’as pas été écouté. En effet, on a toujours tort d’être en avance sur son temps, surtout quand il s’agit d’améliorer les conditions de travail.


Bruno, avant de quitter Nouméa, tu as initié la naissance de l’ATC Nouvelle Calédonie qu’Isabelle va gérer avec succès durant plusieurs années.


Ensuite à Paris, tu es devenu notre « catalyseur » infatigable, diversifiant, entre autres, nos activités. Ainsi, tu as initié des partenariats avec des associations amies, mais aussi des entreprises… la dernière en date, le CEA, grâce à mon ami microbiologiste Jean Philippe Deslys avec lequel j’ai autrefois bataillé au sujet de la vache folle… les prions étant des produits chimiques !


Durant tant d’années, Bruno, tu as été en tant que trésorier, l’âme active de notre association, prolongeant et améliorant le travail accompli antérieurement par Maurice et Jérôme, le créateur de notre site informatique.


Il est essentiel de ne pas oublier que la vie de l’ATC est animée en permanence par les acteurs bénévoles de nos formations.


Pour ne citer qu’eux, Jean-François et Julien Narbonne, Marie-Chantal Canivenc dans le domaine agroalimentaire. Nicole Proust, Chantal Fresnay, Frédéric Gaidou, Jean Ducret pour le milieu professionnel, ainsi que les Docteurs Claude Lesné et François Ballet. Mille mercis pour votre dévouement permanent.


Une dernière anecdote… Bruno, tu n’as jamais voulu qu’on te reconnaisse comme scientifique, alors que tu avais brillamment suivi notre formation à Nouméa… et pourtant c’est toi qui as proposé la prochaine monographie (l’un de mes moyens importants de communication) sur le Kudzu, une liane asiatique millénaire, avec de multiples vertus, qui est en cours de préparation grâce à Junko, Jean et moi-même.


Tu peux compter sur nous, Bruno, pour continuer ton travail, car l’ATC après plus de 30 ans de loyaux services, ne doit pas abandonner sa mission qui bien que modeste, restera au service de tous.


Junko, Enzo, Issey et Lyu, vous pouvez compter sur l‘ATC pour que de Bruno soit la mémoire vivante d’un grand ami fraternel qu’on n’oubliera jamais.


Paris, le 5 septembre 2022
André PICOT
Président de l’ATC

 

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