NOS ACTUALITÉS

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André Picot, mon Ami mon Maître

J’ai connu André Picot au début des années 1980. Je venais de passer ma thèse de doctorat d’état en Toxicologie sur les PCBs alors que j’étais biochimiste de formation. C’était l’époque ou Giscard d’Estaing pour se donner une teinte écologique décida l’organisation d’un grand congrès à Paris sur l’environnement à l’UNESCO. Le Ministère de l’Environnement fut chargé d’organiser rapidement un tel évènement en sollicitant toutes les bonnes volontés disponibles. Un de mes amis Toulousains me demanda de l’aider à animer une session sur les « nouveaux pesticides naturels », sujet qui m’était largement inconnu. Recueillant quelques données disponibles sur la roténone (à l’époque il n’y avait pas Wikipédia), j’effectuais une présentation à minima, que j’estimais suffisante  pour le public concerné. A la fin de la présentation, la parole est donnée à la salle et la première main qui se lève était celle d’André Picot. Il se livre alors à un exercice de démolition de cette Substance, considérée à l’époque comme naturelle et donc compatible « Bio » mais d’une redoutable toxicité (ce qui amènera à son interdiction). Devant une intervention aussi argumentée, la « vraie » discussion est reportée à la pause-café. C’est là que j’avouais avoir essayé de « rendre service » en sortant du mon champ de compétences. J’avais rencontré un combattant de la rigueur scientifique, mais un combattant magnanime qui m’avait recommandé d’améliorer mes connaissances en toxicologie, en suivant la seule formation postuniversitaire qui était alors dispensée au CNAM. Le CNAM ne m’était pas inconnu car j’avais une collaboration avec l’équipe de Robert Albrecht sur l’étude des systèmes enzymatiques de métabolisation des xénobiotiques. La clarté du raisonnement d’André et son approche mécanistique des processus toxiques m’avait convaincu de suivre un tel enseignement. Je n'ai pas été déçu vu qu’en dehors d’André il y avait des enseignants comme René Truhaut, Henri Pézerat, Maurice Rabache,  Georges Bories…. Il faut signaler qu’à l’époque le cursus universitaire de Biochimie des universités de sciences ne faisait aucunement allusion aux processus de toxicité, enseignement réservé aux pharmaciens et aux vétérinaires (mais malheureusement absent des cours de médecine). Le bon feeling avec André s’est traduit l’année suivante, par sa demande de rejoindre l’équipe enseignante pour assurer le cours sur les PCBs. J’ai alors conseillé à l’assistante de mon laboratoire de suivre aussi la formation au CNAM. J’ai ensuite naturellement suivi André dans l’ATC CNAM puis dans l’ATC Paris. Nous avions la même passion pour la « transmission » qui de mon côté était une valeur familiale via ma mère institutrice et mon père conseiller d’éducation, concrétisée par une carrière d’enseignant-chercheur.

Ma collaboration scientifique avec André s’est développée quand je suis rentré au CSHPF et que j’ai été nommé Président du groupe contaminants en 1988. Il faisait partie de ce groupe d’experts avec d’autres grands personnages comme Charles Frayssinet pour les mycotoxines ou Michel Boisset pour les métaux traces. Les démêlés d’André avec l’Académie des sciences pour l’expertise des dioxines nous ont rapprochés car il y avait un lobbying très fort pour minimiser les risques liés à cette famille de polluants persistants. Nous avons rédigé (en auto-saisine) un rapport sur les PCBs et Dioxines au CSHPF que j’ai fait remonter au Conseil de l’Europe où j’étais  représentant de la France au sein du groupe sur les denrées alimentaires. Notre proposition de limite sur les dioxines dans le lait ayant été adoptée, la France a du s’aligner sur la recommandation européenne. Ce premier succès dans la lutte contre les lobbies ayant démontré l’efficacité de notre collaboration, André m’a souvent associé à ses combats comme je l’ai associé aux miens, ce qui nous a amené à gagner des causes « difficiles » sur le plan judiciaire comme dans l’affaire Paul François (pesticides), Singer (cuivre) ou Vaux-le-Pénil (dioxines).

Mais notre plus grande complicité se situait au deuxième degré, c’est-à-dire sur le plan de l’humour. C’était une façon de prendre de la distance avec un discours scientifique rugueux et du carcan des exigences réglementaires. La rapidité de réparti sur les traits d’esprit et les sentences à double sens était notre jeu de ping-pong, qui pouvait étonner notre auditoire ou même indisposer certains représentants ministériels. Ceci allait de pair avec le sens de la fête, des bons repas, du bon vin (rouge !) et des fins de soirée en chansons. Les fins août à Ampeils étaient les rendez-vous incontournables qui s’étaient officialisés par l’animation de la fête du village voisin. André avait une humanité débordante et « contaminante », les cercles d’amis personnels se rejoignaient en une grande communauté fraternelle. Finalement notre dernière rencontre date du 29 décembre ou nous avons fait un repas en musique, occasion de fêter son passage comme Président d’Honneur de l’ATC.

Alors que le confinement avait raréfie les organisations de congrès, l’année 2022 les avaient rétablis. J’avais donc accompagné André au congrès « après-mine » en septembre à Chaussy et au colloque Environnement – Santé de Strasbourg en Octobre, ce qui a été la dernière manifestation à laquelle il a participé. Il se trouve que l’épreuve de l’article issu de ce colloque nous a été transmise le jour même de son départ. C'est donc le dernier article scientifique* avec son nom. La photo que les éditeurs ont choisie pour illustrer l'article est celle d'un homme souriant et de plus avec la végétation calédonienne en arrière-plan (on connaît son attachement à cette terre). L'article traite de la démarche scientifique rigoureuse et complexe pour aborder les relations pollution - santé, on ne pouvait pas trouver meilleur sujet comme illustration de ses principes d'action et de transmission.

Malgré le vide qu’il laisse dans nos vies, nous nous devons de continuer en appliquant ces principes. 

*Pollution et causalité : L’approche scientifique ; Narbonne JF, Picot A., BDEI n° 103, janvier 2003, pp 47-51

Jean François Narbonne, le 27 Janvier 2023.

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Hommage à André Picot, le président d’Honneur de l’Association Toxicologie Chimie, qui  vient de nous quitter le 18 janvier 2023. Cet humaniste toujours souriant était notre phare.

André, de sa Bretagne natale, vient à Paris pour étudier, d’abord au Lycée d’Arsonval, puis au CNAM pour terminer par une thèse de doctorat en science physiques à Orsay à l’université de Paris sud (1975). Chimiste au départ, il deviendra, Toxicochimiste.

Après un passage chez Roussell Uclaff au Centre de Recherches, il intégrera au CNRS de Gif sur Yvette  l’lnstitut de Chimie des Substances Naturelles (ICSN) où il deviendra Directeur de Recherches (1986-2004). Il mettra ensuite en place à Gif, l’Unité de Prévention du Risque Chimique (UPS 831), (1989-2001).

Entre temps (1980) au CNAM Paris, nait un enseignement de toxicologie fondamentale sous l’impulsion de brillants experts de notoriété internationale, formation originale interdisciplinaire qui associe la biologie et la chimie.

Cet enseignement va évoluer et prenant en compte le milieu du travail et l’environnement. Naitra alors l’Association Toxicologie CNAM (1989) avec la collaboration de responsables d’hygiène et Sécurité de l’INSERM.

Cette association va se transformer en Association Toxicologie Chimie  ATC Paris (2009) indépendante et autonome qu’il va cogérer avec son ami Maurice Rabache. Ils vont  dispenser alors un enseignement de toxicochimie et d’écotoxicochimie fondamentales industrielles et environnementales.

Globalement ces divers enseignements en 35 ans ont formés plus de 300 auditeurs (médecins du travail, ingénieurs et techniciens d’hygiène et sécurité, ingénieurs spécialistes de l’environnement, mais aussi, des journalistes, des naturopathes, des syndicalistes, des juristes sans oublier quelques passionnés curieux de ces domaines scientifiques si peux médiatisés).

Il faut rappeler que l’ATC a deux missions principales : la formation et l’expertise.

La formation, c’est sensibiliser, informer et former dans les domaines de la toxicologie et de l’écotoxicologie.

L’expertise, c’est éclairer par la connaissance et les compétences des sujets d’actualité tragiques considérés comme des causes perdues.  André avec ses amis, Jean François  Narbonne,  Claude Lesné et les autres experts de notre panel d’enseignants permettront rétablissement de la vérité sur des sujets compliqués et épineux.

Deux exemples de procès gagnés avec une contribution de l’ATC : Paul François, l’agriculteur céréalier intoxiqué par l’insecticide « Lasso » de Monsanto ; Anne Marie Singer, agricultrice ayant un élevage de moutons. Ces derniers et sa mère ont été intoxiqués au cuivre suite à un acte malveillant (pollution de l’eau de source du domaine).

La liste des actions menées est longue et ne sera pas développée ici.

L’arme d’André, comme l’a si bien dit Jean François Narbonne dans l’hommage qu’il t’a rendu en chanson, c’était la chimie !

Il faut rappeler aussi qu’André a été un expert français à la Communauté Européenne (SCOEL), dans le domaine de la surveillance des atmosphères de travail, en participant à l’établissement des valeurs d’exposition. Il a participé à de très nombreuses autres missions d’expertise pour différents ministères et agences en France (Ministères de la recherche, du travail, de l’environnement, de l’agriculture, Académie des Sciences, AFSSET, AFSSA, INSERM…).

André vient de nous quitter et nous laisse un peu orphelins. André, le phare de l’ATC, est parti rejoindre ses très chers amis Maurice Rabache et Bruno van Peteghem. Nous devons continuer le travail commencé, prendre le relais et développer notre Association avec la nouvelle équipe.

André, était très apprécié. En homme simple, tranquille, curieux, assoiffé de science, il a été un  infatigable travailleur, disponible et à l’écoute jusqu’au bout. C’était aussi un bon vivant, aimant les bonnes choses. Il aimait partager son vécu et nous racontait des histoires parfois surprenantes. Il pouvait aussi avoir un humour décapant.

Il aimait bien l’écriture, beaucoup d’articles scientifiques, de monographies et de livres ont été publiés, en particulier grâce au travail de mise en page et de collaboration étroite avec Jean Ducret. Beaucoup de thématiques ont été abordées. Pour illustration, en voici quelques unes seulement : les métaux traces toxiques, la spéciation, la dioxine, les perturbateurs endocriniens, le lévothyrox, le gaz de schiste, la pollution des sols, le syndrome aérotoxique… et dernièrement le kudzu. L’idée de ce thème est née d’une  collaboration avec Junko, l’épouse de Bruno van Peteghem. Pendant ces deux dernières années, l’étude bibliographique du Kudzu, plante japonaise, a permis à André la rédaction d’une monographie de l’ordre de 150 pages. Elle est presque terminée et sera bientôt mise sur le site de l’ATC en accès libre.

André, c’était un scientifique passionné et passionnant.

Les anciens auditeurs que nous sommes, devenus parfois des enseignants ATC, tenons à  remercier André de nous avoir encouragés, motivés, guidés, de nous avoir donné confiance en nous pour trouver le meilleur de nous mêmes.

Nicole et Frédéric, pour le bureau, les enseignants, les adhérents et sympathisants de l’ATC.

27 janvier 2023.

 

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  • Hommage à André Picot. Générations Futures. Le 26 janvier 2023.

Les militants et militantes qui ont œuvré et œuvrent contre les effets néfastes des polluants chimiques sur la santé sont en deuil. Notre ami André Picot, chimiste et toxicologue passionné et passionnant est décédé le 18 janvier à l’âge de 85 ans.

Celles et ceux qui ont eu le bonheur de croiser André garde forcément de lui le souvenir d’un homme plein d’humilité, d’une immense gentillesse, d’un immense savoir et d’un immense engagement pour dénoncer l’exposition des hommes et des femmes à des substances nocives. S’informant sans relâche, prenant le temps nécessaire pour vous transmettre ses connaissances, André était un puits de science et d’humanité.

Nous sommes si tristes de ne plus pouvoir croiser ton regard si bleu et si profond. Tu vas beaucoup nous manquer et nous pensons avec toute la tendresse possible à ta famille, ton épouse, tes enfants et petits-enfants dont nous partageons la peine.

Générations Futures te remercie, André, pour tout ce que tu nous as apporté tant humainement que professionnellement et tous les magnifiques souvenirs que nous avons en commun depuis plus de 20 ans. Nous repensons ce jour avec émotion de notre première rencontre grâce à Dominique Belpomme lors de l’organisation de l’Appel de Paris, colloque qui a fait date dans la lutte contre les polluants chimiques. Nous vous avions alors surnommé les trois mousquetaires de la toxicologie, trio que tu formais pour nous à cette occasion avec Maurice Rabache qui nous a quitté en 2015 et Jean-François Narbonne. Et depuis cette date nos chemins n’ont jamais cessé de se croiser jusqu’à ce jour du 18 janvier.

Bon voyage notre ami, oui tu vas beaucoup nous manquer mais jamais nous quitter.

  • André Picot, preux chevalier d’une science humaine Fabrice Nicolino, 23 janvier 2023

Je connaissais un peu André Picot, grand monsieur de la science humaine. Une science qui n’oublie pas ses liens avec la société et ses besoins. Je connaissais assez André pour le pleurer, car il vient de mourir d’un infarctus, à l’âge de 85 ans.

Je ne sais plus quand je l’ai rencontré. Il y a vingt ans ? Sans doute plus. Il gravitait dans les mêmes cercles vaillants que mon si cher Henri Pézerat. Comme lui, il avait mis son immense savoir – de chimiste, en l’occurrence – au service des éternels sacrifiés de la Bête qui nous dévore tous. Il était sur tous les fronts, ne négligeait aucune bataille, jusqu’aux plus petites. Il ne refusait jamais. Et son sourire éternel paraissait d’une autre planète.

Je laisse ci-dessous la parole à ma grande amie Annie Thébaud-Mony, qui l’a si constamment fréquenté. Annie est directrice de recherches honoraire de l’INSERM, et se bat chaque jour, comme le firent André Picot et Henri Pézerat, qui était son compagnon, contre les crimes industriels. Si nombreux. In memoriam.

  • La lettre d’AnnieThébaud-Mony, 22 janvier 2023

André,
Ce 18 janvier 2023, tu as quitté ceux que tu aimais, ta famille, tes amis, l’Association Toxicologie Chimie, nous tous qui nous appuyions sur toi. Je veux dire combien ont compté pour moi, ton accueil chaleureux, ton sourire et ton ouverture, ton immense connaissance des risques industriels qui ne cessent d’accroître ce que j’appelle la «chimisation toxique» du travail et de l’environnement.

Pour moi, André, tu es et resteras l’ami, le frère d’Henri, Henri Pézerat, mon compagnon. A vous deux, vous vous partagiez les champs de la toxicochimie, organique pour toi, inorganique pour Henri.

Je t’ai connu un jour d’hiver 1985, quand Henri t’avait invité au Collectif Risques et Maladies Professionnels, sur le campus de Jussieu, dans les préfabriqués (sans doute amiantés) où les syndicats avaient leurs locaux, un lieu improbable d’où était partie la lutte contre l’amiante des années 1970.

Le Collectif y avait son local, encombré d’archives, comme autant de traces des mobilisations engagées pour la prévention des risques professionnels, contre l’impunité des industriels et du patronat, contre l’inertie des pouvoirs publics et des institutions.

Tu as, dès cette époque, été présent à mon histoire, par ton partage continu avec Henri, dans vos échanges, souvent téléphoniques, sur ce qui étaient au cœur de notre travail scientifique et de nos préoccupations : comment partager le savoir accumulé et en faire un outil pour contribuer à l’élimination des substances toxiques du travail et de l’environnement, pour contribuer à la réduction des inégalités face aux dangers ?

Scientifiques non alignés l’un et l’autre, malmenés par les institutions, vous avez su, toi et Henri, partager cet immense savoir qui était le vôtre, pour aider des citoyens, un syndicat, une association, des militants, à résister à la mise en danger. Puis, vous avez, toi, Henri et quelques autres, fondé l’association Toxicologie Chimie (ATC) et ceux qui reprennent aujourd’hui le flambeau sauront mieux que moi dire ce qu’elle est et tout ce qu’elle te doit. C’est grâce à ce partage entre Henri et toi que j’ai été amenée à te solliciter de plus en plus souvent dans mon propre travail scientifique, sur les cancers professionnels en particulier. En 2009, Henri nous as quittés et je me souviendrai toujours de tes mots en hommage à ce que vous aviez partagé.

Dans cette période, ensemble, nous avons poursuivi le travail que vous aviez commencé, toi et Henri, pour soutenir le combat de Paul François contre Monsanto dans le procès qu’il a gagné contre la firme. Je me souviens de ton appel au soir d’une expertise médicale où tu avais accompagné Paul. Tu étais atterré de l’ignorance et de l’inhumanité du médecin-expert auquel Paul avait été confronté.

Au fil des années, j’ai pu alors continuer à faire appel à toi non pas seulement dans le travail scientifique, mais aussi dans le développement des luttes portées par l’association qui porte le nom d’Henri. Son but ? Le soutien aux luttes pour la santé en rapport avec le travail et l’environnement. Combien de fois t’ai-je appelé, à mon tour, pour que tu me fasses partager ton expérience et tes connaissances, depuis la dioxine ou les hydrocarbures jusqu’aux multiples pollutions chimiques et radioactives qui empoisonnent la vie. Je pense aux désastres industriels tels Lubrizol ou la contamination au plomb lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Mais aussi «l’après-mine », que je ne peux évoquer sans penser à toi : Salsigne, Saint Felix-de-Pallières, la mine de Salau en Ariège…

C’est d’ailleurs la lutte contre les pollutions monstrueuses laissées par les exploitants miniers, avec la complicité de l’Etat, qui a été l’occasion de notre dernière rencontre, grâce à l’association SysText. En septembre 2022, celle-ci a organisé un « forum citoyen sur l’après-mine ». Nous avons été heureux à cette occasion de nous revoir et d’échanger autrement qu’au téléphone. Tu étais présent à tous et chacun.e, même si tu ressentais douloureusement la mort brutale de Bruno van Peteghem, qui a tant fait à tes côtés dans l’activité et le rayonnement de l’ATC.

J’ai su que tu t’en étais allé par ton fils qui a décroché le téléphone lorsque je t’ai appelé hier. Nouée par l’émotion, je n’ai pas su lui dire combien tu avais compté pour moi, pour nous, depuis des décennies. Mais je ne le remercierai jamais assez de ne pas avoir laissé mon appel sans réponse. Tu répondais toujours…

Vendredi, étant à l’étranger, je ne pourrai pas venir pour la célébration de tes obsèques à Chevreuse. Mais ce message sera mon moyen de partager avec tous les tiens ce moment d’adieu. Je voudrais leur dire combien je partage leur peine, combien tu nous manques et nous manqueras dans les combats qui étaient les tiens, qui sont les nôtres. Adieu, André, et merci pour ces décennies d’échange fraternel et de savoir partagé.

  • Paul François, 24 Janvier 2023

Je tenais à remercier tout particulièrement Annie et Fabrice pour cet hommage. Ce que vous énoncez pour Monsieur le Professeur André Picot est très juste et tout à fait mérité, même s’il détestait que je l’appelle ainsi.

Comme l’a dit Annie, je lui dois une grande partie de ma victoire contre Monsanto, mais je dirais que je lui dois encore bien plus : ma Vie. Sans son intervention, je ne serais en effet certainement plus de ce monde… C’est aussi grâce à André que j’ai eu l’immense bonheur et chance de rencontrer des personnes exceptionnelles, lesquelles m’ont permis d’avoir un autre regard sur notre société.

Sans ces rencontres, je ne serais pas l’homme que je suis devenu aujourd’hui, je n’aurais pas co-créé et présidé l’association Phyto-victimes pendant 9 ans. Association qui a permis et qui continue de venir en aide aux victimes de pesticides.

C’est avec une immense tristesse qu’en leurs noms et en accord avec Annie, au nom de l’association Henri PEZERAT, je serai présent vendredi pour le saluer une dernière fois.

  • André Picot : une vie de chercheur contre la pollution industrielle, par Violaine Colmet Daâge, Reporterre, le 2 février 2023

Le toxicochimiste André Picot est décédé le 18 janvier. Durant soixante ans, il a dénoncé les effets des produits chimiques sur la santé. Reporterre revient sur les grands combats qu’il a menés.

Peu connu du grand public, le toxicochimiste André Picot était une voix importante en France. Au cours des soixante dernières années, il a dénoncé âprement tous les effets délétères des polluants industriels sur la santé — amiante, dioxine, pesticides... — ou certains scandales sanitaires comme celui de la vache folle ou ceux causés par les incendies de Lubrizol et de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. Il s’est éteint le 18 janvier, à l’âge de 85 ans, après une carrière scientifique remarquable.

Yeux turquoises, chevelure immaculée et sourire immuable, André Picot était « un combattant de la rigueur scientifique », décrit son ami toxicologue Jean-François Narbonne. « Il était aussi capable de prendre de la distance avec un discours scientifique rugueux et du carcan des exigences réglementaires. » Une preuve d’humilité et d’intelligence, ajoute-t-il. Doté « d’un humour décapant », le professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers et expert au sein de l’Académie des Sciences était aussi très bon vulgarisateur devant les instances officielles et réglementaires ou auprès de la presse.

Chimiste de formation, André Picot a choisi de pratiquer la science en interdisciplinarité, à la frontière entre la toxicologie et la chimie. Après avoir travaillé sans succès au développement d’une pilule abortive au sein de l’industrie pharmaceutique, il a rejoint les bancs de la recherche académique sur les risques chimiques. Chimiste-biologiste directeur de recherches au Centre national de recherche scientifique (CNRS), il s’est spécialisé dans les mécanismes impliqués dans les oxydations chimiques et biologiques ainsi que dans la toxicologie moléculaire. Il a créé l’unité de prévention du risque chimique du CNRS, et ainsi acquis une « immense connaissance des risques industriels qui ne cessent d’accroître, ce que j’appelle la “chimisation toxique” du travail et de l’environnement », écrit Annie Thébaud-Mony, sociologue spécialiste des maladies professionnelles. Il fut aussi l’un des fondateurs de l’Association de Toxicologie et Chimie.

Dioxine, gaz de schiste, pesticides : ses grands combats

Sa rencontre avec le chimiste et toxicologue Henri Pézerat « dans les préfabriqués (sans doute amiantés) » de l’université de Jussieu marque un tournant majeur dans la vie du scientifique. Aux côtés de sa compagne et chercheuse à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) Annie Thébaud-Mony, Henri Pézerat dénonçait alors, dans les années 1980, les ravages de l’amiante. Une lutte à laquelle André Picot a pris part.

Au début des années 1990, un autre combat s’est engagé. À l’Académie des sciences, André Picot dénonçait les méfaits de la dioxine, un polluant persistant cancérigène émis lors de la combustion de déchets et qui s’accumule dans les aliments. Son avis lui valut des démêlés avec ses pairs qui n’apprécièrent guère ses positions. En 1994, il refusa même de signer le rapport de l’Académie des sciences sur la dioxine. Il rencontra alors Jean-François Narbonne, qui, lui aussi, tentait d’alerter sur le sujet. « Il y avait un lobbying très fort pour minimiser les risques liés à cette famille de polluants persistants », raconte Jean-François Narbonne. Au même moment, pourtant, l’Environmental Protection Agency des États-Unis publiait un rapport détaillé sur les risques associés à ce polluant. L’avis de l’Académie des sciences est « stupéfiant parce qu’il a permis le développement du parc d’incinérateurs le plus important de toute l’Union européenne. Avec émission de dioxine, bien sûr », observe sur son blog le journaliste Fabrice Nicolino. L’histoire a donné raison à Picot et à Narbonne.

Un scientifique rigoureux et d’une humanité débordante

Dans les années suivantes, André Picot s’est attaqué aux gaz de schiste. Dans un rapport publié en 2011, il expliquait que ces techniques d’extraction provoquent la libération de gaz, comme le formaldéhyde ou le benzène, hautement toxique et dangereux pour la santé des travailleurs et des riverains. Il évoquait également la libération de sulfure de dihydrogène aux effets toxiques et anesthésiants majeurs et qui pourrait expliquer les pluies d’oiseaux morts observées aux États-Unis (bien que le scientifique resta sceptique sur cette hypothèse) ou le décès de bovins s’étant abreuvés à proximité.

Grâce à son savoir, qu’il a su partager, André Picot a accompagné des luttes écologistes difficiles et d’autres combats ont jalonné la vie du chercheur. Celui pour la reconnaissance de la culpabilité de Monsanto dans les problèmes de santé de l’agriculteur Paul François. Là aussi, la toxicologie lui permettait d’expliquer comment les émanations toxiques du désherbant le Lasso ont pu à distance provoquer les comas dont l’agriculteur a été victime. Avec une victoire judiciaire à la clé.

Lors de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen en 2019, André Picot a alerté sur les effets à long terme de la forte pollution respiratoire, « de l’amiante sous forme d’une pluie de poussière blanche », avait-il expliqué à Reporterre. ll a aussi soutenu le travail d’Alexander Samuel sur les conséquences sanitaires des gaz lacrymogènes, dans nos colonnes. Un sujet peu étudié car « réservé au domaine militaire », nous disait-il.

En 2009, André Picot décrivait son ami défunt Henri Pézerat comme « un modèle de lanceur d’alerte : compétent, acharné dans ses convictions, parfois obstiné et surtout profondément humain, donc à l’écoute des autres en particulier les plus défavorisés ». Une description qui colle parfaitement à André Picot lui-même, un homme bienveillant, très compétent et qui, grâce à un savoir qu’il a su transmettre, a été utile aux luttes écologistes. À l’heure où de nombreux scientifiques se demandent s’il ne faut pas entrer en rébellion, la démarche d’André Picot pourrait servir de modèle.

 

 

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Bruno, notre grand ami de cœur de l’Association Toxicologie Chimie (ATC).


Tu viens de nous quitter si brusquement que nous nous retrouvons tous comme des orphelins inconsolables, ayant perdu l’un de leur parent. Sans rentrer dans un long historique qui nous ferait faire le tour de la terre, c’est dans l’île enchanteresse de Nouvelle-Calédonie, blottie comme une perle rare dans l’immense Pacifique Sud, que Bruno, j’ai eu l’immense chance de te rencontrer, entouré de ta charmante épouse Junko et de vos trois petits garçons Enzo, Issey et Lyu, plus adorables les uns que les autres.


Avec Junko, vous naviguiez sur Air France entre Paris et Nouméa en transitant par Tokyo.


Bruno, en plus à distance, tu préparais courageusement un diplôme d’ingénieur ergonome (une spécialité des conditions de travail) au Conservatoire national des Arts et Métiers (CNAM) de Paris.


De mon côté, j’étais enseignant au CNAM en toxicologie, la science de l’étude des poisons que ce soit dans la vie de tous les jours ou dans le milieu de travail.


Ainsi, nos routes se sont croisées, car tu avais besoin de complément de formation dans cette discipline, en même temps que quatre collègues calédoniens aussi passionnés que toi pour découvrir la « science des poisons » : Deux médecins dont mon grand ami Bernard Paul, le médecin du travail de la société « Le Nickel » (SLN), ainsi qu’un hygiéniste et un pilote d’avion militaire. En fait la compagnie des « 5 mousquetaires du Pacifique ».


Très pragmatique, le CNAM parisien préféra m’envoyer à Nouméa, que de vous faire venir à Paris… ça se comprend !


Pour moi, quel bonheur et pour toi Bruno, ce fut la découverte de l’association ATC que j’avais l’honneur de présider. En un mot, l’ATC a l’originalité de présenter d’une part la chimie, la science des produits chimiques et la toxicologie, qui s’intéresse, entre autres aux effets néfastes des produits chimiques. Fondamentalement, l’ATC est une rencontre entre des scientifiques, ou pas, au service de ceux qui sont agressés par des produits chimiques et qui sont, en général, laissés pour compte par tous ceux dont le devoir devrait être de les prendre en charge, ne serait-ce que pour leur donner l’information.


Bruno, avant ton arrivée à l’ATC, tu avais reçu le prix américain Goldman (l’équivalent d’un Prix Nobel pour l’environnement), en récompense de ton combat pour faire reconnaître par l’UNESCO, la sauvegarde du massif corallien néocalédonien. Pour certains, ce n’était pas « Nickel »… d’où tes ennuis… qui finalement se sont soldés par votre retour en Métropole, la situation devenant intenable. Toi, toujours à Air France ; tu as voulu partager tes connaissances en ergonomie, sans grand succès il faut le reconnaître… ce n’était pas dans « l’air du temps ».


Vrai lanceur d’alerte, comme beaucoup d’autres, tu n’as pas été écouté. En effet, on a toujours tort d’être en avance sur son temps, surtout quand il s’agit d’améliorer les conditions de travail.


Bruno, avant de quitter Nouméa, tu as initié la naissance de l’ATC Nouvelle Calédonie qu’Isabelle va gérer avec succès durant plusieurs années.


Ensuite à Paris, tu es devenu notre « catalyseur » infatigable, diversifiant, entre autres, nos activités. Ainsi, tu as initié des partenariats avec des associations amies, mais aussi des entreprises… la dernière en date, le CEA, grâce à mon ami microbiologiste Jean Philippe Deslys avec lequel j’ai autrefois bataillé au sujet de la vache folle… les prions étant des produits chimiques !


Durant tant d’années, Bruno, tu as été en tant que trésorier, l’âme active de notre association, prolongeant et améliorant le travail accompli antérieurement par Maurice et Jérôme, le créateur de notre site informatique.


Il est essentiel de ne pas oublier que la vie de l’ATC est animée en permanence par les acteurs bénévoles de nos formations.


Pour ne citer qu’eux, Jean-François et Julien Narbonne, Marie-Chantal Canivenc dans le domaine agroalimentaire. Nicole Proust, Chantal Fresnay, Frédéric Gaidou, Jean Ducret pour le milieu professionnel, ainsi que les Docteurs Claude Lesné et François Ballet. Mille mercis pour votre dévouement permanent.


Une dernière anecdote… Bruno, tu n’as jamais voulu qu’on te reconnaisse comme scientifique, alors que tu avais brillamment suivi notre formation à Nouméa… et pourtant c’est toi qui as proposé la prochaine monographie (l’un de mes moyens importants de communication) sur le Kudzu, une liane asiatique millénaire, avec de multiples vertus, qui est en cours de préparation grâce à Junko, Jean et moi-même.


Tu peux compter sur nous, Bruno, pour continuer ton travail, car l’ATC après plus de 30 ans de loyaux services, ne doit pas abandonner sa mission qui bien que modeste, restera au service de tous.


Junko, Enzo, Issey et Lyu, vous pouvez compter sur l‘ATC pour que de Bruno soit la mémoire vivante d’un grand ami fraternel qu’on n’oubliera jamais.


Paris, le 5 septembre 2022
André PICOT
Président de l’ATC

 

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« Ici ça vient bien », cette expression émise par mon oncle est restée gravée dans mon esprit. Pendant mon adolescence au début des années soixante, je passais une partie de mes vacances dans la ferme de mon oncle paternel du côté de Saint-Gervais-les-trois-clochers dans le Poitou. Etant Toulousain par ma mère j’avais grandi dans une ambiance plutôt urbaine mais ces périodes de rupture avec la vie scolaire m’ouvraient une fenêtre vers la réalité du monde agricole et l’expression de la « générosité de la terre ». C’était une ferme à l’ancienne de polyculture élevage, qui en était encore à la traction animale et à la moissonneuse lieuse. Après avoir donné à manger aux cochons et ramené les vaches de leur prairie, dans le char à banc tracté par le cheval je partais avec mon oncle qui surveillait régulièrement l’avancement des cultures. Alors que c’était comme beaucoup de paysans « un taiseux », il devenait intarissable quand il s’agissait de parler de son domaine. Cahotant dans les chemins creux bordant les champs je recevais alors une leçon magistrale sur la genèse des paysages qu’il me faisait découvrir. L’alternance des prairies des champs de blé et d’avoine dépendait de la nature des sols constitués de calcaires d’argiles et de marnes, mais aussi de l’architecture des paysages. Ici une ligne d’arbres indiquait l’existence d’une circulation d’eau souterraine, là un vallonnement entraînait une différence d’ensoleillement. Ainsi chaque parcelle était adaptée à une culture, ce que mon oncle exprimait par l’expression « ici le blé ça vient bien » par exemple. Mais si on prend l’exemple du blé il ne s’agit pas de n’importe quel blé, mais les graines qui au fil des années se sont le mieux adaptées à l’écosystème local. Ainsi mon oncle gardait une partie des graines récoltées pour les semailles suivantes. Ce savoir avait été acquis au cours des siècles et transmis au cours des générations de fermiers qui s’étaient succédé sur ces terres. J’avais d’ailleurs été frappé par le niveau de solidarité existant entre les fermiers du lieu alors que leur réputation générale était plutôt le « chacun chez soi ». Il y avait beaucoup d’entre-aide, chacun allant aider le voisin au moment des périodes de forte activité avec une mise en commun de matériels lourds. Ainsi l’alimentation des hommes et des animaux était étroitement liée à la fois aux aspects pédoclimatiques, mais aussi aux savoir-faire et aux pratiques des hommes gestionnaires de ces terres. Ce savoir est issu non seulement d’une transmission verticale intergénérationnelle mais aussi horizontale par les échanges et l’entraide à l’intérieur de la communauté des exploitants locaux.

Ainsi mon oncle m’avait permis de découvrir qu’il existait un savoir « caché » que ne m’ont enseigné ni mes professeurs de collège ou de lycée ni même ceux de l’université. C’est après avoir abordé l’étude de la nutrition sous les aspects physiologiques et métaboliques, puis les relations environnement-santé, que j’ai de nouveau abordé ce savoir. Heureusement il avait été conservé par les résistants à « la modernisation de l’agriculture » importée des Etats Unis après la 2° guerre mondiale et imposée en Europe par le plan Marschall et les multinationales associées (European Recovery Program). Les connaissances acquises au cours de mon cursus universitaire m’ont par contre permis de donner un éclairage scientifique à cette initiation familiale, en particulier sur les interactions de la plante et de son environnement.

La graine, l’or du paysan.

L’image traditionnelle du paysan est celui laboureur et du semeur (ou semeuse), ce qui met la graine au cœur de cette sorte de sacerdoce. La graine aurait alors un potentiel de vie conditionnant la suite du cycle cultural. Il y a une formule très belle comme quoi une graine est « un petit logiciel biologique » qui contient en mémoire toutes les données de l’histoire et de la filiation des plantes, intégrant des millénaires d’expérimentations effectuées par des milliers générations. Il y a donc eu tout un travail de recherche et d’adéquation réalisé par l’homme, consistant à adapter les semences à une situation donnée (terroir, climat, ensoleillement...), et en les sélectionnant en fonction des résultats obtenus. En fait les gènes constitutifs doivent trouver dans l’environnement les circonstances qui leur permettent d’exprimer les caractères adaptatifs. La pratique de l’autoproduction de semence à la ferme qui existe depuis des millénaires, s’est pourtant perdue en moins d’un demi-siècle en France et en Europe. La FAO estime que 75% de la diversité génétique des plantes cultivées a été perdue entre 1900 et 2000. Pour le paysan « faire sa semence » est le résultat d’un long processus d’observation du comportement des plantes, des réactions avec l’environnement, de l’adaptation aux écosystèmes locaux.

Le substrat de la « générosité de la terre » : le sol.

Le sol qui est au cœur de l’agriculture est d'une incroyable complexité que l’approche « moderniste » a voulu simplifier. Un sol n’est pas seulement de la matière chimique composée d’argiles de limons et de sables, c’est aussi un ensemble d’organismes vivants (bactéries, champignons, arthropodes, acariens, araignées, vers de terre), qui sont essentiels à la libération des minéraux que la plante va utiliser. Pour être optimale, cette vie du sol doit bénéficier d’une structure (réseau racinaire, aération, écoulement de l’eau, stratification des milieux) que l’homme s’efforcera d’améliorer au fil du temps. Les plantes vivant sur ces sols ont co-évolué pendant de très longues périodes avec des ajustements permanents aux évolutions naturelles et à celles dues au travail de l’homme. D’ailleurs les paysans parlaient de « terre » plutôt que de « sol », (mon oncle disait « je laboure la terre » et non « le sol »). La terre désigne quelque chose de vivant et même une divinité, alors que le sol peut être quelque chose d’inerte comme de la roche. L’agriculture « moderne » implique une standardisation des sols dont on peut même s’en passer dans les cultures « hors sol ».


Les dérives de la « rationalisation » des cultures.

Depuis soixante-dix ans et au mépris des savoirs paysans, on a sélectionné des plantes pour fonctionner dans un écosystème donné permettant d’obtenir les meilleurs rendements. Il fallait donc arriver à reproduire dans les champs les conditions correspondant aux conditions fixées au cours des essais. L’ordre des choses a alors été inversé en modifiant le milieu naturel pour l’adapter aux plantes sélectionnées. Les moyens mis en œuvre sont l’irrigation, la suppression des haies, et surtout l’apport massif d’intrants comme les engrais pour la nutrition et les pesticides pour la protection de plantes fragilisées. Finalement, on se retrouve avec des plantes qui sont en déséquilibre avec leur milieu et des systèmes agricoles en rupture avec l’évolution naturelle. Cette agriculture ne peut se maintenir qu’avec des fortes consommations d’eau et d’intrants, l’opposé d’un système « durable ».

En conclusion, je me réfèrerais à la chanson de Claude Nougaro parlant d’une ferme du Poitou (Nouvelle Aquitaine) donnant un coq qui constitue « le coq au vin », plat de fête familial sous le regard de la pendule qui symbolise le temps, maître de la lenteur des processus, en somme l’opposé du « fast food ».

 

Jean-François NARBONNE (19/01/2022)                                                                 

 

2084
POURQUOI L’ÉTAT JOUE AVEC VOTRE SANTÉ

Pierre MENETON (Inserm)
Éditions humenSciences / Humensis (www.humensciences.com)
ISBN : 978-2-3793-1522-0
(14,90€)

Un ouvrage d’actualité qui met en avant l’hypocrisie dont sait faire preuve l’État français envers son peuple, au travers de différents sujets ou évènements importants liés à la santé publique qui se sont déroulés à notre époque moderne.

L’auteur observe l’attitude duelle (immorale ?) par laquelle l’État expose ouvertement sa motivation : assurer le « bien être, physique et social » ou encore « la santé publique » (via le cadre législatif) tout en dissimulant sciemment les actions opportunes destinées à favoriser certains acteurs économiques (via le cadre réglementaire…) destinées à assurer des rentrées fiscales pour son bon fonctionnement ou, pire encore, liberticides à des fins de surveillance et de contrôle de la population.

La première moitié de l’ouvrage, Pierre Meneton nous emmène pour un voyage temporel et factuel, développé au travers de l’histoire économique du pays sur laquelle nous avons maintenant le recul des années (parfois plus d’un siècle !) pour analyser les actions (ou les inactions) de l’État lorsqu’il a du traiter des cas impactant sévèrement la santé publique et ainsi nous faire une idée des priorités qui peuvent régir les gouvernements successifs.

Dans un second temps, Pierre Meneton tient à exprimer son sentiment envers les systèmes étatiques et socio-économiques qui éprouvent des difficultés patentes à assumer leurs relations conflictuelles avec les différents acteurs sociaux, en opposition systémique évidente, mais également en opposition intra-individuelle dans une concurrence égotique permanente.

Cette responsabilité qui incombe à l’État de maintenir la cohésion dans cet environnement chaotique (entretenu ?) implique (justifie ?) de maitriser le contrôle et la surveillance de l’ensemble des parties prenantes, notamment à l’aide de ses fonctions régaliennes officielles tout restant au fait de l’évolution technologique.

Pierre Meneton, lance le lecteur sur une piste à explorer : quelle suite peut-on imaginer lorsque notre organisateur étatique a vécu deux siècles de développement sans discontinuité fonctionnelle et sans remise en cause de ses fondamentaux ?

1984 : Geoges Orwell (écrivain) – 2084 : Pierre Meneton (chercheur, Inserm)
État : Organisation institutionnelle administrative bicéphale (élus avec mandats temporels et fonctionnaires sans pression temporelle sur l’activité)

Nous serions en droit d’attendre, de l’État, le respect et la sauvegarde du bien commun. En lieu et place, il privatise les profits et mutualise les pertes.

Récemment, nous avons vu l’apparition de la manipulation des masses par la peur, sur le principe démontré par Edward Bernays dans son ouvrage « Propaganda » écrit en 1929.
Plus près de nous, Sygmunt Bauman dans « le présent liquide » (2007) nous explique que l’être humain souhaite par-dessus tout, protéger ses acquis, et donc, la peur de les perdre va le pousser à « assurer » son avenir.

Pierre Meneton nous offre ici les constats factuels du chercheur scientifique sur les positions de l’État face aux trop nombreuses problématiques (tabac, malbouffe, alcool, maladies cardio-vasculaires, cancers, drogue, diesel, les conditions de travail, les maladies professionnelles, les expositions au plomb, à l’amiante…et le virus SarsCov2). L’État veut notre bien. Un modèle éculé, bien huilé, et presque sans faille si ce n’est le temps, puisque les faits sont têtus et nous démontre les trous béants dans la raquette.

Bien souvent, le temps long profite aux élus qui ne sont plus en poste lorsque les problèmes émergent. De plus, ils sont souvent responsables mais rarement coupables. Quant à l’administration, elle est obéissante et irresponsable de fait statutairement. Par ailleurs, le « no skin in the game » (ne joue pas sa peau) est la marque de fabrique des grands commis de l’État formés, à juste titre, dans les établissements ad hoc (ENA, ENS, X Ponts…). Ils sont plus financiers et gestionnaires (réduction des coûts, respect des budgets alloués et reconduits…) sortis dans « la botte », qu’innovants et productifs ou visionnaires. Ce sont donc bien de véritables chefs administratifs (frein) mais ne seront jamais des chefs de guerre (accélérateur). L’équilibre pour atteindre un intérêt collectif est rompu.

La solution, qui devrait se trouver dans un juste milieu entre l’accélérateur et le frein, assurément, ne viendra pas de l’intérieur, vous l’avez compris : on ne change pas une équipe qui gagne.

Les lanceurs d’alerte sont régulièrement broyés et sacrifiés sur l’hôtel de la productivité. Les contre-pouvoirs sont inexistants ou muselés et la démocratie, qui était censée en être la gardienne, est devenue un joli mot. 1789 est un lointain souvenir !

Pierre Menton est un survivant et reste éveillé. Il nous informe. Un homme vrai et courageux.

Espérons que l’ouvrage de Pierre Meneton puisse circuler parmi le plus grand nombre ! Il a le grand mérite d’avoir pris date (octobre 2021) pour que nous ne puissions pas dire que nous ne savions pas.

Elie Wiesel, dans un tout autre registre, avait repris la phrase de Sir Winston Churchill : « Tout peuple qui ne connait pas son histoire, est condamné à la revivre… ». Le sens de l’Histoire s’écrit ici et maintenant

 

Lyu van PETEGHEM
15 décembre 2021

Pierre Rabhi vient de nous quitter
« Un Homme de Cœur très attaché à la Terre »

Lorsqu'il y a bien longtemps aux rencontres « Sciences Frontières » j'ai fait connaissance, à Avignon, avec Pierre Rabhi et nous avons immédiatement sympathisé. Cet homme à la silhouette grêle et au visage émacié portait en lui un message d'espoir.

Nous avions pratiquement le même âge (au-delà des 60 ans à cette époque) et lors de notre premier contact il me confia qu'il était né à Kenadza, une petite ville minière du nord-ouest du Sahara, au sud de Colomb-Béchar, charmante oasis et une grande base militaire française.

Kenadza est une modeste oasis en plein désert qui, autrefois, était renommée comme une « Zaouia » ce qui correspondait à un lieu d'enseignement fondée au XVIe siècle par un thaumaturge soufiste qui prônait la non-violence. De quoi inspirer le jeune Rabbah (le victorieux) Rabhi.

Or, personnellement, Kenadza ne m'était pas inconnue, ce qui du reste surpris beaucoup Pierre Rabhi. En effet dans les années 1960, je débutais mon service dans un régiment s'occupant du lancement des fusées militaires, à l'époque dans le civil c’était « Véronique » l'arrière-grand-mère d'Ariane. Ce petit régiment d'artillerie téléguidée bénéficiait de quelques légers privilèges dont celui de pouvoir garder sa tenue civile durant le week-end. Avec mon copain Jacky, aussi inconscient que moi, nous sommes partis en auto-stop de notre base de Colomb-Bechar à Kenadza car nous voulions visiter les mines de charbon, la seule activité de cette ville perdue en plein désert aride.

Bien entendu ces mines étaient fermées le week-end, et on décida, un peu dépités, d'aller nous promener dans le souk, un dédale de ruelles sombres mais néanmoins fortement animées, avec des hommes dignes de Germinal aux visages noircis par la poussière de charbon. Ce qui nous nous frappa immédiatement c'était qu'on n'était pas les bienvenus en ces lieux et, par prudence, on a fait rapidement demi-tour. Quand j'ai raconté cette excursion à Pierre Rabhi, il m'assura que cette « folie de jeunesse » aurait pu nous être fatale, car aucun européen ne pénétrait en ces lieux considérés à hauts risques durant la guerre d'Algérie !

Pour en revenir à Pierre Rabhi, ultérieurement j'ai eu le plaisir de le côtoyer à Sciences Frontières où il était régulièrement sollicité comme conférencier. C'était un narrateur hors normes, tant ces exposés étaient empreints d’humanisme. Souvent, il revenait sur son enfance saharienne. Un papa forgeron mais aussi musicien et poète, une maman perdue dès quatre ans. Il fut confié à un couple de français qui l’amena à Oran, la grande cité au bord de la Méditerranée. Converti au catholicisme Rabah transforma son prénom en Pierre, apôtre dont il admirait le charisme. Dans son adolescence il se tourna vers le mysticisme et la spiritualité orientant sa vie vers le social. En conflit idéologique avec ses parents adoptifs (soutiens de l’Algérie française, très droitière), en 1958 il partit pour Paris où il essaya de survivre grâce à des petits boulots. Travaillant à Puteaux dans une usine de machines agricoles il rencontre Michèle, une bretonne, avec qui il se maria et qui lui donna cinq enfants, et qui sera toujours son inconditionnel soutien. Très curieux de connaissances, Pierre Rabhi se passionna pour les travaux de l'Allemand Ehrenfried Pfeiffer, l'un des promoteurs de l'agriculture biodynamique (qui pense la nature comme un ensemble).

Après trois ans comme ouvrier agricole, en 1963 la famille Rabhi acheta à Montchamps une ferme isolée dans les Cévennes ardéchoises. Suivront quelques années de galère jusqu'en 1968, année où Pierre commence d’essaimer leur expérience de ferme biodynamique. Cette approche appliquant l'agriculture biodynamique sera loin de faire l'unanimité et, par exemple, Pierre Rabhi sera fortement critiqué par René Dumont qui y voit des pratiques ésotériques. Malgré tout, contre vents et marées, Pierre Rabhi prône son approche d'une vie plus équilibrée et met en cause le mythe du progrès industriel en particulier à appliquer à l'agriculture et à la productivité.

Pierre Rabhi « l’africain saharien » va exploiter son savoir-faire au Burkina Faso, l'un des états de l'Afrique centrale les plus pauvres. Son président de l'époque, Thomas Sankara, convaincu de l’application de l'agriculture biodynamique à son pays, avait l'ambition de mettre en application cette expérience originale, qui va brusquement s'arrêter avec en 1987 l'assassinat de Sankara qui considérait Pierre Rabhi comme un « sorcier bienfaisant » ! Les burkinabés l’adoraient.

Ultérieurement, pour développer son approche d'une agriculture accessible à tous, il va participer au lancement de plusieurs mouvements écologiques. Ainsi, en 2004, avec Michel Valentin il créé dans la Drôme, les Amandus : une infrastructure d'agro-tourisme maraicher qui accueille des vacanciers et dans laquelle sont proposés entre autres des conférences, des séminaires…. Une belle réussite qui continue à proposer des thèmes novateurs. Il y a quelques temps l’ATC a participé à l'un de ces séminaires très dynamiques.

En 2006, Pierre Rabhi décida de concrétiser la mobilisation populaire qui le soutient et lance le mouvement « Colibris », dont l'objectif est de rassembler les citoyens engagés dans des alternatives comme les fermes pédagogiques, les jardins partagés… etc.

Par ailleurs Pierre Rabhi a écrit une vingtaine d'ouvrages dont, en 2010, « Vers la sobriété heureuse » chez Actes Sud, qui fut un très grand succès de librairie.

Pierre Rabhi a été un conférencier exceptionnel tant il mettait beaucoup d'humanité dans ses poignantes interventions. Certains de ses propos ont suscité des réactions négatives en particulier en ce qui concerne son regard sur l'homophobie et la misogynie. Ainsi, plutôt que de tendre vers l'égalité femmes / hommes, il serait, selon lui, préférable d'aller vers une complémentarité des sexes. Une approche à notre sens très rétrograde.

Autre point qui a amené certains observateurs à s’interroger : ses nombreux soutiens par des mécènes issus du show-business comme Marion Cotillard ainsi que par des fortunes aristocratiques. Beaucoup d'argent en cause !

Dernier point personnel, lors d’une de ses interventions, j'ai entendu Pierre Rabhi proclamer : « Ce n'est pas parce qu'on aura une société biologique qu'on sera dans le bonheur. Aujourd'hui la crise est dans l'humain et c'est là qu'elle doit se résoudre ! ».

Comme certainement dirait son ami, le moine bouddhiste Matthieu Ricard, « c'est en effet à méditer…. »

Au revoir Pierre !

Chevreuse, le 10 décembre 2021

André PICOT
Président de l’ATC

Quelques lectures rapides qui ont permis d'écrire cet hommage de l’ATC à Pierre Rabhi, un Homme de cœur…

Michel Mabit, 2002 « Pierre Rabhi, homme de cœur pour parole de terre » chez Nature et Progrès, numéro 34, pages 10 à 13, mars avril 2002

Catherine Vincent 2021 « Pierre Rabhi, écrivain et figure de L’agroécologie » Le Monde, page 26, 2 décembre 2021

Pierre Rabhi, Wikipédia pages 1-8, 2021

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- Selon Confessions of a Supply-Side Liberal, il semblerait qu’il existe une forte relation entre les taux d'obésité et les taux d'anorexie. Par quel dérèglement chimique ou génétique peut-on expliquer cette corrélation ?


L’obésité, l’anorexie et la boulimie sont d’importants facteurs affectant la santé d’une partie croissante de la population, considérés même comme phénomène épidémique. Ces désordres sont liés à de nombreux déterminants comme la disponibilité alimentaire, l’équilibre nutritionnel du régime, l’activité physique, la susceptibilité génétique mais aussi les stress sociaux et environnementaux (expositions aux polluants). Ces désordres métaboliques (incluant le diabète et appelés syndrome métabolique) peuvent augmenter les risques de nombreuses maladies chroniques contribuant ainsi à une diminution de la qualité de vie et de l’espérance de vie.
Les mécanismes qui sous-tendent les altérations du comportement alimentaire sont complexes et multi-étapes avec des aspects génétiques, hormonaux, neurologiques et psychologiques (ou psychiatriques), ce qui ouvre à l’interaction possible de nombreux facteurs. Les signes évidents de ces altérations se traduisent par des variations de poids et de silhouette. La régulation du comportement alimentaire met en jeu, des hormones gastro-intestinales puis des signaux agissent au niveau central sur des structures clés de l'hypothalamus et du tronc cérébral. L'ingestion d'aliments s’accompagne aussi d’un plaisir ressenti appelé « boucle de la récompense » qui permet à l'organisme de se diriger vers des nourritures essentielles au maintien d'une balance énergétique. Intervient dans ce cas un circuit dopaminergique impliquant des récepteurs spécifiques (D 2/3). Lors de dysrégulations du comportement alimentaire on observe des altérations notables dans la régulation des signaux endocrines (leptine, insuline…) et dans la transmission dopaminergique.


- Nous semblons observer une prévalence de l’anorexie chez les adolescents et les jeunes adultes, en particulier les femmes. L’exposition à des produits chimiques lors du développement, peut-elle expliquer ce phénomène ? Les cosmétiques, ont-ils un rôle dans ces perturbations comportementales ?


Les altérations du comportement alimentaire ont évidemment une large part de facteurs psychologiques et donc sont susceptibles de se manifester à des périodes charnières de la vie ou l’individu construit sa relation avec la société et l’environnement qui l’entoure. Evidemment l’adolescence est la période la plus critique, en particulier pour les jeunes filles sensibles aux effets de mode et de références esthétiques. Mais il est aussi difficile d’identifier le « facteur premier ». Pour ce qui concerne les aspects esthétiques (silhouette) le facteur génétique est évidemment déterminant mais il joue aussi dans la susceptibilité. Par exemple les populations issues du Maghreb ont une prédisposition au diabète et au surpoids, qui se manifeste dans les pays d’origine et d’émigration. Dans Ce cas, des changements significatifs de régime alimentaire augmentent les risques d’obésité (exemple avec les afro-américains). Comme la régulation pondérale est fortement lié à des équilibres hormonaux, le développement des connaissances sur les mécanismes d’action des perturbateurs endocriniens a permis de mieux établir les relations entre la pollution environnementale et le syndrome métabolique. Si on considère les atteintes possibles au métabolisme des lipides on peut se référer aux substances pouvant interagir avec le récepteur PPAR comme les phtalates, les PFAS, les organoétains, ou même des substances naturelles comme la génistéine présente dans le soja. D’autres contaminants interfèrent avec la sécrétion d’insuline comme certains éléments traces (As), mais aussi des POPs (DDT, PCBs) des pesticides comme l’atrazine ou des additifs comme le glutamate. D’autres interactions peuvent se réaliser via les récepteurs au glucocorticoïdes (ex. le BPA). De nombreuses études ont aussi porté sur les fumeurs et on a constaté que le fait de fumer ou le sevrage pouvaient entrainer de fortes variations pondérales. On a aussi ces mêmes réactions avec des médicaments comme les benzodiazépines ou d’autres drogues.


- Il y a-t-il des périodes de la vie où nous sommes plus susceptibles aux produits chimiques dans notre environnement ? S’en protéger diminuera-t-il l’incidence de l’obésité, du diabète et de l’anorexie dans nos sociétés occidentales ?


La période la plus sensibles est à l’évidence la phase d’organogénèse, correspondant à la gestation et à la période post natale (souvent appelée période des 1000 jours). Un bon exemple est donné chez les femmes fumeuses. Dans la fumée de cigarette, il y a aussi les goudrons (HAPs) qui jouent sur le fonctionnement des adipocytes chez le nouveau-né, ce qui entraîne un poids réduit à la naissance (de 200 à 400g) mais un risque de surpoids et d’obésité dans la suite du développement (+ de 10 cigarettes/jour). C’est pour cela que des études de bio-surveillance analysent le sang du cordon et le lait, deux voies d’exposition fœtale et néonatale. De même la malnutrition pendant la gestation à des conséquences graves sur le métabolisme et le comportement du futur enfant. Des déséquilibres alimentaires au cours de l’enfance et de l’adolescence peuvent être un facteur d’obésité. Pour conclure on peut dire que les causes d’altérations du comportement alimentaire sont multiples, mal connues et sont l’objet d’intenses recherches. Par exemple avec mon équipe de nutrition et toxicologie de l’Université St Joseph de Beyrouth, nous avons cherché à discriminer sur une cohorte de 250 personnes les paramètres pouvant induire le syndrome métabolique. Entre contamination, pratique d’un sport, données sociologiques et alimentation, c’est le facteur « changement de profil alimentaire » qui apparait comme le plus déterminant.


Glossaire :


PFAS : composés polyfluoroalkylés, PCB : Polychlorobiphényles, HAP : Hydrocarbures aromatiques polycycliques, POPs : Polluants organiques persistants, BPA : Bisphénol A, PPAR : Récepteur activé par les proliférateurs de peroxysomes (peroxisome proliferator-activated receptor, PPAR) appartient à la superfamille des récepteurs nucléaires agissant comme facteur de transcription des gènes impliqués notamment dans le métabolisme des lipides et l'adipogenèse.

 

Retrouvez le texte de Jean-François NARBONNE directement sur le site d'ATLANTICO

Le dernier avis du Professeur Narbonne, sur les risques de l'oxyde d'éthylène présent dans les aliments est disponible ici :

Aliments contaminés par l’EO : Quelle est la réalité des risques ?

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